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Festival d’un jour 2003
dimanche 9 février 2003, par
La Drôme est en fête. Les grenouilles fleurissent partout à l’occasion de cette nouvelle édition des plus longues 24 heures de l’année. Une année qui verra l’aboutissement du premier long-métrage du Studio Folimage, la Prophétie des Grenouilles. Dans cette dernière ligne droite, on comprend donc que son réalisateur, Jacques-Rémy Girerd, "Grand Jacques", n’ait pas présenté le Festival comme à son habitude. C’est néanmoins tout le Pôle Image de Valence qui s’est regroupé pour offrir aux passionnés et aux curieux le meilleur de l’animation mondiale.
Si Folimage finalise son long-métrage, l’esprit originel se perpétue avec la création depuis un an de l’association L’équipée. L’équipée a pour but de propager le virus "animation" auprès des enfants des écoles du département et la séance d’ouverture du festival est le moment où l’on peut découvrir les travaux des réalisateurs en herbe.
Le Chou de Anne Larricq
En collaboration avec l’École Nationale de Musique et de Danse de Valence, les jeunes musiciens dirigés par Jean-Paul Bouvatier nous ont montré leur talent en interprétant en direct sur les dessins-animés leurs compositions. Un orchestre de filles puis sur le même film un orchestre de garçons bien décidés à montrer ce qu’ils savent faire, une démonstration cocasse ! C’est toujours l’occasion de découvrir ou de revoir les productions du Studio, des films des artistes en résidence ou encore les petits films et films de fin d’étude des étudiants de la Poudrière, école actuellement dans sa quatrième année d’existence.
La soirée la plus animée
Biotope de Merwan Chabane
Ma plus longue soirée animée (de 20H à 3H du matin ; quoique, ça m’est déjà arrivé de regarder une série de 26 épisodes d’une traite !) a commencé avec la projection d’un palmarès du film français. 9 courts-métrages excellents dont La Mort de Tau de Jérome Boulbès (Le Puit), Le Papillon, superbe calligraphie animée, le pur La Belle au bois d’or de Bernard Palacios ou encore le déjanté Pierre le Cosmonaute de David et Laurent Nicolas (que peut faire la NASA face à un melon transgénique totalitaire... ?).
C’est le formidable Biotope de Merwan Chabane qui obtiendra le lendemain le prix du public. Biotope, c’est le parallèle truculent entre "la vie des animaux" et le comportement humain de la jungle du métro parisien !
Le Papillon
La soirée continue avec la projection des meilleurs films 3D de l’année. Where is Franck ? et son graphisme très particulier s’inspire des scènes cultes de Il était une fois dans l’ouest, à une mouche près ! On notera aussi l’image totalement anamorphosée (écrasée pour correspondre au format télé), clin d’œil aux tronçonnages ou écrasages du film originel par les chaînes de télévision (un grand moment aussi lors d’un cours de l’esra !). On rigolera sans modération devant les prouesses physiques de la Tortuga, tortue numérique shootée à la bière, on fera une syncope devant les abstractions géométriques technoïdes de Barcode et on versera une petite larme pour la chronique de Home Road Movies.
Barcode
La soirée se poursuit toujours avec cette fois-ci la diffusion d’une heure de publicités. L’I.N.A., Institut National de l’Audiovisuel chargé de conserver les archives télévisées et radiophoniques, présente ce programme "Histoire de Pubs", une sélection exceptionnelle de spots de tous pays qui ont utilisé les techniques d’animation par ordinateur (images de synthèse, effets spéciaux). Un programme apprécié par les "enfants de la pub", capables de huer comme d’encenser selon l’aspect vieillot ou culte des spots !
La soirée ne s’arrête plus ! La "Grande déconne", c’est tard le soir et ça se comprend, le contenu est extrême : Spleen, sexe, boucherie, critique sociale, voilà de l’animation réservée aux adultes ! On y découvre la relation hardcore de deux fauteuils (animation d’objets), le cultissime Pink Konkommer où Mémé s’endort, ouvre la théière, et imagine les scènes les plus folles sur une seule et unique bande son, comment un fakir entre son corps dans un mixer pour atteindre Dieu, ou Intolerance, la découverte de l’indécent peuple Zog. A noter qu’au cours de la soirée, furent diffusés 8 épisodes de la série Lascars, vraiment excellente. La soirée se termine à 3H du matin avec la projection de l’anime Blood : the last vampire. Et il est temps d’aller faire dodo !...
L’invitée d’honneur : Florence Miailhe
L’invitée d’honneur était cette année Florence Miailhe, reconnue depuis dix ans pour ses courts-métrages à fleur de peau utilisant la technique peu utilisée de la peinture sous caméra. Florence est venue présenter l’intégralité de son œuvre : Hamman (1991), Schéhérazade (1995), Histoire d’un prince devenu borgne et mendiant (1996), Au Premier dimanche d’août (2000, césar 2002 du court-métrage), Oiseau blanc, oiseau noir (2002).
Elle a même passé une heure avec le public pour improviser une petite séquence d’animation clin d’œil aux grenouilles.
Au Premier dimanche d’août
Florence est aussi intervenante à l’école de la Poudrière et a suivi les étudiants pendant une semaine pour la réalisation de petites séquences utilisant la technique de Florence et sur le thème du festival (croa croa). Ces petites "virgules"ont été projetées avant les programmes pendant le festival. J’apprécie beaucoup son travail.
La rétrospective Ladislas Starevitch
L’affiche du Roman de Renard
Ladislas Starevitch (1882-1965) est un maître de l’animation image par image. Ce polonais a réalisé entre Moscou et Paris entre 1909 et 1965 plus de 100 films, tous d’une virtuosité inégalée. Son univers est celui des contes qui mettent en scène des animaux. On y retrouve naturellement les Fables de La Fontaine. Les marionnettes sont réalisées par milliers et sont d’une complexité effroyable. Le résultat se voit à l’écran ! Starevitch réalisa un long-métrage, Le Roman de Renard.
Cet hommage à Starevitch se présente sous la forme d’une exposition de nombreux éléments qui servirent à la réalisation des films de l’artiste : marionnettes, décors, accessoires, outillage, croquis. Elle est au Crac de Valence jusqu’au 17 février. Lors du Festival d’un jour, de nombreux courts-métrages ont été diffusés en la présence de Léona Béatrice Martin-Starévitch, la petite-fille de Starévitch.
Les grandes marionnettes de Starevitch
24 heures de la vie d’un festivalier
La Cancion du microsillon de Laurent Pouvaret
La soirée de clôture a vu la projection du dernier film de Laurent Pouvaret (Ferrailles) La Cancion du Microsillon. Dans la Cancion, un troubadour de fer parcourt le désert pour présenter son spectacle de music-hall. On retrouve avec plaisir l’univers particulier de son auteur.
Les Voltigeurs, court-métrage de Isabelle Favez, a été projeté. Isabelle, actuellement en résidence d’artiste à Folimage, a prévu de finir son prochain film le 15 juin 2003 à 11H. On est impatient !
Le directeur de l’E.N.M.D., Monsieur Bernard Commandeur, a dirigé l’orchestre symphonique Allegro lors de la projection réorchestrée du Lion et le moucheron, un film de Ladislas Starevitch de 1932. Cette réorchestration a été confiée à un étudiant de l’école nationale de musique, Nathanaël Bergese. Quant à la voix-off, ce n’était autre que Patrick Eveno, producteur de Folimage !
Marcellin Cailloux
La soirée de clôture s’est terminée par la projection de Marcellin Cailloux, l’adaptation par Claude Allix de l’oeuvre de Sempé qui raconte la vie tranquille d’un petit garçon qui passe son temps à rougir "comme ça", "pour rien". On peut dire que l’esprit et le graphisme est respecté. Et le film très paisible termine ce 9ème festival sur une note de sérénité. Avant de se retrouver devant une bonne soupe à l’oignon, Pascal Lenôtre nous invite déjà à revenir l’année prochaine, les 5 et 6 mars 2004 !
A presque 20 ans d’existence (jubilée en 2004 !), le studio Folimage ne s’est jamais aussi bien porté et le prouve de par la qualité de son festival !
Richard Cornu. 9 février 2003.
Article originellement publié sur ryogasp.com/ryoga