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Atlantide l’empire perdu

Disney l’empire perdu (28 novembre 2001)

mercredi 28 novembre 2001, par Richard

Reprenant le mystère qui entoure la cité d’Atlantide et l’adaptant dans l’esprit des grands films du studio tels 20 000 lieues sous les mers, Disney livre un pur film d’action assez éloigné de l’esprit de la firme. Revirement ou transition ?

Le projet naît dès 1992 et est confié aux réalisateurs Gary Trousdale et Kirk Wise, déjà responsables de La Belle et le Bête et du Bossu de Notre Dame. Casting de stars (Michael J. Fox en V.O pour le personnage principal de Milo), format cinémascope, le scénariste de Tarzan, le graphisme de Mike Mignola (auteur d’une BD Bram Stocker’s Dracula), un langage créé pour les Atlantes par Mark Okrand (le Vulcain et le Klingon de Star Trek, c’est lui) le projet voit grand. La production commence en 1997 en Californie ; le studio de Montreuil à Paris s’occupant de nombreux décors ainsi que du personnage de Helga Sinclair. Le tout se boucle avec un budget de 90 millions de $.

Le risque est grand car la cible se tourne cette fois vers les adolescents : premier dessin-animé d’action aventures, il élimine les tant décriées chansons et animaux de distraction pour se concentrer sur une action qui n’hésite pas à mettre en scène des armes à feu qui font mouche. Lorsque le film sort aux Usa il subit la concurrence foudroyante de Shrek qui rallie le public familial (En France le film marche car il se retrouve seul... face à Bécassine). Atlantis est un échec commercial, ne ramasse même pas les 100 millions de $ habituels et jette un froid sur Disney qui se noie et s’emprisonne dans le flot des nouvelles productions créatives concurrentes. En pleine mutation de l’animation (on vit une époque formidable : Aardman, japanime ; images de synthèse et web), la firme s’essouffle (déjà avec Dinosaure elle s’enlisait avec une histoire ne sachant plus où aller entre modernité et tradition). Heureusement les talents de chez Pixar (Monster Corp) la sauvent du désastre.

Sur une histoire merveilleuse vient un script prévisible mais efficace. Disney aurait pu remercier Jules Vernes et Hideaki Anno (Nadia le secret de l’eau bleu) mais le pillage n’est pas assumé...

Le film est agréable à suivre avec son concentré d’action, de fantaisie (Enzo me fait beaucoup rire), de légendes et ses petites doses d’inattendu. Mais force est de constater qu’il est loin d’être abouti. Souvent les personnages sont bâclés (les premières séquences frôlant l’horreur) et tous auront été heurtés au design honteux des golems de l’Atlantide (le robot du Géant de fer, excellent cartoon de la Warner - je l’ai vu avec bonheur hier soir - les enfonçant dix pieds sous mer). Englouti par le design de leurs séries télé, le style Disney se rabaisserait-il au niveau des films de la Fox ou de la Warner (un comble !) ?

Atlantis est loin d’être mauvais. Je l’aimerai même plutôt assez, comme j’aime Titan A.E dans le style action animé. Mais est-ce vraiment le but de l’animation ? N’est-ce pas du gâchis de la part de Disney de brider l’action et le romantisme d’une telle histoire dans cette course effrénée au réalisme ?

Tel l’empire, jadis fleurissant, à présent perdu, espérons qu’une nouvelle bande autre que de mercenaires le sauve de l’enlisement...

RYoGA
28 novembre 2001

(article originalement publié sur ryogasp.com/ryoga)