Accueil > Découvertes > Blade Runner à l’aquarelle

Blade Runner à l’aquarelle

mercredi 20 juin 2012, par Richard

Il y a un truc très casse gueule en animation, c’est la rotoscopie. Cette technique consiste à calquer les images d’un film live pour faire son animation.

Si cela peut aider à placer un mouvement ou des proportions, certains tombent dans la facilité et n’hésitent pas à copier-coller la totalité des images de ces séquences, ce qui a pour effet de donner une animation extrêmement fluide et peu intéressante. Et pour peu qu’il n’y ait pas de retravail important sur les modèles et que le dessinateur n’apporte pas un style à l’image, on se retrouve avec ce que la rotoscopie peut faire de pire.

"Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités", c’est la même chose avec la rotoscopie, qui est une façon d’aborder l’animation très décriée. A Scanner Darkly (avec Keanu Reeves) reste un exemple marquant de film qui relève autant du film live que du film animé, avec ses personnages réels auxquels on a ajouté un filtre photoshop. Les amoureux d’une belle animation dessinée à la main passeront leur chemin. Et pourtant, Blanche Neige et les sept nains, comme beaucoup de Disney de l’ère Walt, utilisaient eux-aussi la rotoscopie ! Souvenez-vous des scènes de danse de Blanche Neige avec ses sept nains : l’animation, extrêmement fluide, a été réalisée d’après des documents vidéos ! Alors, gênant, pas gênant ? Chacun se fera son avis.

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir le travail de Anders Ramsell qui a transposé les 12 premières minutes du film Blade Runner... en aquarelle !

On peut parler de rotoscopie puisqu’il a "copié" les images du film. Il n’en a choisi que les plus représentatives. Ce n’est pas du 24 images seconde. Je dirais qu’il y a trois, quatre images par seconde. Cela suffit pour que notre cerveau fasse le lien entre les images et recompose les mouvements.
Il s’agit donc ici d’une certaine réinterprétation du film, tout en en gardant la narration. Je crois même qu’il se permet quelques fondus d’un plan à un autre et qu’il modifie son dessin et ses couleurs pour passer de l’un à l’autre.

Quant au style choisi, l’aquarelle, il est très intéressant. Tout d’abord car l’aquarelle est une technique qui joue sur la lumière, sur les espaces entre la feuille blanche et les couleurs. Amusant donc de voir ainsi transposer un film qui est majoritairement dans l’ombre. On assiste ainsi à une sorte de négatif des contrastes.
Ensuite le style utilisé n’affiche pas une grosse précision, tout joue sur les masses de couleurs et les silhouettes des personnages dont on devine à peine les traits, laissant le tout baigner dans le flou. C’est un choix judicieux pour un film qui parle des rêves.

L’auteur n’a pas fait tout le film, et il y a peu de chance qu’il le fasse dans son intégralité. L’expérience est intéressante mais y aurait-il un véritable intérêt à reprendre ce film de cette manière ? Gus Van Sant avait retourné intégralement et sans changer un seul plan (enfin si, un plan) le Psychose de Hitchcock avec Psycho (1998). La démarche était à faire, mais le résultat un peu vain.

Une version complète de Blade Runner à l’aquarelle serait un bel exercice artistique mais à défaut d’immerger réellement dans le film d’origine ferait l’effet d’un somnifère ou d’un joli trip. Mais après tout , ce serait-ce pas là une certaine définition commune aux rêves et au cinéma ?

Portfolio

  • A Scanner Darkly